lundi 27 avril 2015

Monique Rosenberg, Le divin pré s'assied (1997)

 Au Mona lisait du 211 rue du Faubourg Saint-Antoine, où j'y traîne souvent mes semelles inusables pour y dénicher quelques trouvailles d'importance, je suis tombé sur un petit recueil de poèmes d'une auteure qui, par son style pétillant et vivant, frais et intime, son talent tout en ivresse et en maitrise m'a ravi.  Monique Rosenberg, qui est née en 1933, est une poétesse française qui a publié plusieurs recueils de poèmes depuis les années 80. Le recueil qui m'a été donné de découvrir s'intitule Le divin pré s'assied et a été publié en 1997 chez LA BARTAVELLE. À la lecture ont est saisie par le fait que notre auteure est maitresse du charme, de la nature, de la beauté et, je dirais surtout de la beauté. Paul Farellier, du comité de rédaction de la revue Les Hommes sans Épaules où Rosenberg est aussi publiée, a bien fait remarquer cet aspect, cette occupation de la beauté derrière les mots. Cette beauté, Monique Rosenberg veut la voir comme une réponse à ses questionnements, la trouver au détour d'une image, d'une apparition, la faire éclater dans une fleur, la lumière d'un visage, toujours comme source de vérité qui amènerait l'éclat de l'apaisement, de la contemplation pure. Farellier a pointé la face bachelardienne de la poésie de Rosenberg dans l'unification des images du vivant transcendés par l'existence, la manifestation vitale, dynamique, pulsionnelle, je dirais substantielle des éléments essentiels de la nature. La quette de beauté est la quette de sens, de signification sur les manifestations immenses de l'univers qui enchante ainsi la poétesse. Par exemple, le bienfait de la réunion de tulipes dans un vase de porcelaine blanche est questionnée comme un problème esthétique mystérieux, dont l'essence nous échappe. Le beau vient donc d'ailleurs.
 
Naturellement, au coin des césures, du brusque mouvement rythmique de cette prose d'une vivacité remarquable, d'un mouvement qui nous surprend par ses trajectoires, s'insinue l'âme du poète, cette intimité qui rappelle un père, redore un rêve, s'émerveille du spectacle de la nature. Rosenberg nous enlève, nous confond dans ce renouvellement de la nature mise en beauté par des mots qui  retranscrivent l'observation de l'auteur sur les moindres évènements du cours des choses. Il y a aussi la douleur de ne pouvoir communiquer avec les immensités, rappelant en cela l’être humain de Pascal enfouie dans sa solitude au milieu des astres qui n'ont pas besoin de consolation contrairement à nous Mon regard m'apporte le baume des étoiles./Il n'y a pas d'échange. Il y a cette constante demande sur la cause et le rôle des éléments de la nature Lorsque je demandai pourquoi l’azur,/il me fut répondu que la chaleur/entretenait sur toutes les terres/le mirage de la mer, aidée en cela/par lozone bleu de lair. La terre et le ciel, le lieu cet entre deux est le chemin que le poète regarde comme une gloire, l’être humain par sa fragilité, sa condition, est soumis à la beauté de la force des éléments, toujours pour vouloir comprendre. Mais c'est l'azur qui est la convoitise suprême, que l'on veut atteindre Voici l'Azur passionné d'Azur./Pour semblable ciel/j'ai des bras immesurables. Une constitution parabolique./Je veux en dire l'honneur, chanter ses hauts faits, sa gloire. Chez Rosenberg la beauté se marie toujours avec la lumière, elles sont d'une même famille, du même tissu, elles donnent accès à la vérité du monde. La poétesse se métamorphose pour mieux répondre à son questionnement, pour mieux connaitre, mieux sentir l'eau, l'air, le feu, le vent, restant attentive dans le beau, dans l'image que l'auteur rend avec ce style si particulier, si libre, surprenant, captant La beauté de l'heure, le sang magnifié par l’âme du monde, qui se fait âme, de l'esprit humain qui se perd dans une autre raison supérieure. Maître ciel, la table est dressée,/Toi, jour de l'Espace,/Adonc, midi est jeune./Commensal de grande équité,/plus vaste que l'Océan/Tant la montagne est belle/j ai envie de baiser les pierres du chemin./Pommier, cerisier, c’est prière, c’est chandelier./Tant la montagne est belle,/sombrement bleue,/si jen perdais la raison, ce serait bien meilleure raison. Monique Rosenberg est une poétesse à découvrir, lire et relire et à partager.

Monique Rosenberg, Le divin pré s'assied, LA BARTAVELLE, Collection «modernités»,  1997, 48 p.

Bibliographie non exhaustive :

Bâton de sommeil (Le Pont de l'Épée, 1980), Soutenu et oppressé (Caractères, 1983), Vrai large (Librairie-Galerie Racine, 1989), Courbé, fini et illimité (La Bartavelle, 1992), Moorea, suivi de Dive Lumière, (La Bartavelle éditeur, 1998), Démesure I (La Bartavelle éditeur, 1999), Le comble et le calme (Librairie-Galerie Racine, 2000), Démesure II (Librairie-Galerie Racine, 2002), Béatrice (L'Harmattan, 2004), Démesure III (Interventions à Haute Voix, 2005), La Splendeur déjà (L'Harmattan, 2006), Le Sucre de mes pas (Jacques André éditeur, 2007) (source : leshommessansepaules.com/auteurMonique_ROSENBERG).

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