mardi 21 janvier 2014

Ce que Danto veut dire...


Andy Warhol, Campbells Soup Cans, (51 cm × 41 cm), 1962

La "transfiguration du banal" (Danto) opère par exemple avec Andy Warhol comme subterfuge de la production esthétique "traditonnelle"dans le monde de l'art. Comme le disait Danto dans son ouvrage "Après la fin de l'art" : "Il s'agissait d'une transfiguration du banal et, en même temps, d'une esthétisation d'un type d'univers et de manières de vivre qui auparavant aurait été condamné sans recours par le goût cultivé." (p. 16). Et un peu plus loin : "Ce que Warhol nous a fait comprendre, c'est qu'il est impossible de découvrir cette différence par le seul regard. L'oeil, cet organe esthétique si estimé aussi longtemps qu'on considérait que la différence entre art et non-art était de l'ordre du visible, n'était plus de la moindre utilité philosophique dès lors que ce qui distinguait les deux domaines s'avérait être de l'ordre de l'invisible." (p. 17). 

Martial Raysse, La belle mauve, 1962
Martial Raysse, Nissa Bella

Ce qui voudrait dire : de ce qui ne peut se voir dans l'oeuvre. "L'invisible" est ici de l'ordre du cadre représentatif ou conceptuel. Au-delà de ce qu'on peut dire sur l'invisible ou ce qui définirait qu'un objet doit être regardé comme une oeuvre d'art par l'esthétique analytique, je dirais qu'il faudrait chercher l'art non dans ce qu'est l'objet mais dans son "univers" représentatif. Avec le fameux slogan de "fin de l'art" c'est aussi une définition de l'art qu'on cerne et l'art d'aujourd'hui est chez Danto vu comme une période "post-narrative." Ce que dénote par exemple le post-modernisme c'est une symbolisation de l'idéal romantique de liberté créative. On peut donc se demander si la narration historico-esthétique n'empêchait pas une forme de véritable prise de liberté sur l'objet d'art, garante d'une idéologie esthétique. on peut mettre en doute aussi ce que Danto nomme la "fin de l'art" qui est pour la fin d'une narration historique de "l'art". L'art virtuel ou les représentations d'un art en 3D par exemple peuvent être une forme de continuité du concept de représentation artistique dans une autre manière de voir mais aussi une autre manière de créer.

 Invader


Danto (p. 26, 27) "J'ai tenté d'analyser cette période (l'art des sixties) selon plusieurs angles, y compris en tenant compte des efforts visant à la fois à démocratiser l'art et à maîtriser ce qui était ressenti comme les dangers de l'art - tout cela à une époque où il est de moins en moins clair ce que l'art est censé faire ou signifier. Durant cette période, le musée, qui avait été un temple de la beauté, s'est transformé en un genre de faire culturelle. Une foule toujours croissante, étonnamment bien informée sur l'art par les médias, traverse ces institutions transformées; l'attitude de ces visiteurs est très différente de la vénération mêlée de crainte que le musée-temple inspirait à ceux qui le fréquentaient à peine quelques décennies plus tôt. Ce que nous découvrons aujourd'hui, c'est un art qui recherche un contact plus immédiat avec les gens que celui rendu possible par le musée - un art qui investit les lieux publics, un art spécifiquement conçu pour des endroits précis." Une histoire de l'art est maniable si nous acceptons certaines transformations esthétiques et cadres artistiques. Ce que Mélissa Thériault dans un article sur Danto remarque : "Toutefois, il faut bien garder à l’esprit que ce à quoi réfère Danto lorsqu’il parle de fin de l’art, c’est de la fin du concept d’art tel qu’on l’a conçu jusqu’à maintenant, c’est-à-dire la fin de l’un des usages possibles du concept d’art."

dimanche 19 janvier 2014

"Le Rhinocéros" rouge de Xavier Veilhan


Le Rhinocéros (Centre Pompidou, 1999) de Xavier Veilhan, où se trouve une alliance admirable de la matière et de l'esprit, tout ce que le monisme neutre reconnais comme véritable. Ainsi, cette œuvre de Veilhan, peut être considérée comme l'une de plus véritables de l'art et de la philosophie. L'alliage entre la représentation picturale et les matériaux et technologies caractérisants la modernité offre une identité particulière où la forme classique de l'objet s'incarne dans une manière de voir qui donne à penser le monde actuel et l'évolution esthétique et matérielle dont se l'artiste. Le rhinocéros agit comme symbolique exacerbée des caractéristiques de l'objet. Xavier Veilhan parle lui de souvenir évoqué par l'oeuvre, qui serait un média direct avec le contenu intellectuel de l'oeuvre même.


« Quand je fais Le Rhinocéros rouge, je fais un rhinocéros "le plus rhinocéros et le plus rouge". Si je peux pousser le bouton à fond, je ne m’en prive pas. J’aime l’idée de concevoir des oeuvres qui puissent fonctionner comme des souvenirs - comme des images qui, à la manière des icônes sur un écran d’ordinateur, transportent intellectuellement ceux qui les activent ». Xavier Veilhan. L'oeuvre est donc le souvenir icônisé.








samedi 18 janvier 2014

Sur un autre "voir comme"


Circonscrire un nouvel espace du voir c'est trouver un nouvel espace de liberté de la représentation esthétique, et à partir de là une plus profonde identité de l'esthétique.

On cherche la représentation ailleurs que dans le cadre ou l'espace-esthétique-traditionnel en montrant que le cadre de l'art peut se situer où nous choisissons qu'il soit, où nous choisissons qu'il doit être représenté. 
Un nouvel espace esthétique du voir qui entraîne aussi une nouvelle vision de la forme esthétique de l'objet et de sa représentation dans l'espace représenté.