jeudi 2 avril 2015

La fonctionnalité chez Adolf Loos



Lobjet chez Adolf Loos paraît résister au temps, à la légèreté des modes, toujours utile dans sa fonction mais aussi utile dans son paraître. Entre le conventionnel, la traditionnel et un design spécifique qui installe lobjet dans une modernité véritable. Lobjet a sa propre manière d’être, une élégance pure et expressive. On peut y lire des traits esthétiques du début du XXeme siècle et en même temps un référentiel plus lointain qui opère dans la sobriété de lobjet.



Mais Loos se garde bien de se référer expressément a un ancrage dans une esthétique du passe. Ne disait-il pas justement dans Céramique (1904) «Je nécris que pour des hommes qui possèdent un sentiments moderne. Pour des hommes qui sont reconnaissants à lordre universel davoir à vivre aujourd’hui et non en des siècles antérieurs. Je nécris pas pour des hommes qui se consument en nostalgie de la Renaissance et du rococo.» Cest une image paradoxale que nous présente ainsi larchitecte. Image dun iconoclaste pur et dur et dun maître en confrontation avec certaines tendances nouvelles de son époque. Mais il ne faut pas sy tromper, les deux critères fondamentaux qui sous tendent sa démarche esthétique sont le matériau de lobjet la fonction de lobjet. On dirait que Loos, dans sa simplicité et sa parcimonie, utilise le rasoir dOccam pour conceptualiser ses objets. La forme de lobjet est donc représentative de lutilité de lobjet. Et cest ici que lon trouve le sens esthétique de Loos qui est une clarification de ce que doit être lobjet dans sa manière d’être au monde. Cest la fonction que veut donner lutilisateur qui structure la forme esthétique.  

Lampes, vers 1900

Deckenleuchte, vers 1912
Traditionelle Wandleuchte
Loos critiquait lornementation qui avait cours dans l’esthétique de lancienne et de la nouvelle Vienne. La dimension éthique ici est unique et donne toute la mesure de limportance du binôme éthique/esthétique. Lobjet découle dune idée du bon comportement que nous devons adopter dans la vie, de la bonne manière de juger des choses, dorganiser notre vie intérieure. La sobriété extérieure opérée par une personne nest que le reflet de sa richesse intérieure, de la grande individualité de sa personnalité. Loos cherche à changer la conception que se fait lhomme de l’esthétique, de reformer sa vie au travers dune mesure, dune pondération dans les lignes, laspect, la structure. lornement contraint la fonctionnalité de lobjet, il fait en quelque sorte perdre du temps et ne doit en aucun cas être regardé comme un objet dart. Lhomme doit se détacher de tout le superflu quentretient lornement avec lobjet. Il pourra ainsi se diriger vers des tâches beaucoup plus importantes ou utiles, favoriser la direction de son énergie vers ce qu il y a de plus élevé.

Lampe en laiton



Villa Müller
«Labsence dornement a porté les autres arts à une hauteur insoupçonnée, les symphonies de Beethoven neussent jamais été écrites par un homme devant déambuler dans la soie, le velours et la dentelle. Celui qui de nos jours circule en habit de velours nest pas un artiste, mais un guignol ou un vulgaire peintre en bâtiment. Nous avons gagné en finesse, et en subtilité.» Adolf Loos, Crime et ornement, Payot, Rivage poche, p. 87.

 «Seule une toute petite partie de larchitecture relève de lart : le tombeau et le monument. Tout le reste, tout ce qui est au service d une fin, est à écarter du domaine de l art.» Adolf Loos, Crime et ornement, Payot, Rivage poche, p. 113.

Mais tout cela nengage pas encore ce que lon appelle le design. Car Loos fait du design et lon remarque bien aujourdhui que les leçons de modernité quil a laissé ne sont pas tombées dans loublie et que la parcimonie esthétique est partout, de plus en plus, de la boîte Nivea au iphone bien que tout cela ne relève pas de la tradition antique.


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