vendredi 12 avril 2013

Witkiewicz en passant...

"Stworzenie świata", 1921-22
"Portret Anny i Jarosława Iwaszkiewiczów", 1922
Stanisław Ignacy Witkiewicz (1885-1939), cet ignoble polonais, peintre informe, philosophe esthétique, distordu, par ses excentricités, sa singularité en ligne sinusoïdale, ce schizoïde de la plus belle espèce ne trouvais pas mieux que d'inviter l’œil et l'esprit à se suggérer d'autres manières de voir, d'imaginer, d'explorer. Assez méconnu à son époque il le fut un peu plus par la suite car il fallut bien qu'il y eut une suite pour cet homme inassouvi de formes, d'absurde et d'intelligence. Mais de forme surtout, cette forme pure qu'il nous a défini comme la métaphysique de tout objet, était sa définition de l'art, débarrassé de tout vain ornement. La forme pure, cette émotion toute intellectuelle.
"Marysia i Burek na Cejlonie", 1920-21
Ce qu'il voulait retrouver chez l'homme c'est cette anxiété de la métaphysique, ce privilège des saints; la souffrance des élus, de ceux qui veulent véritablement exister et faire la nique à l'éphémère. Car nous ressemblons bien à l'éphémère. Ce qui peut rester de nous n'est semble t-il que notre souvenir dans la mémoire du cosmos jusqu'à ce que lui-même disparaisse sans un souvenir. Dans quelle mesure Witkiewicz peut-il nous dire quelque chose aujourd'hui? Peut-être sur quelque chose sur nous même que la plupart ont perdu aujourd'hui un fond de l'âme que nous de pensons plus atteindre perdu dans la surface de notre de nos représentations et l'absence de l'introspection et la solitude. Il peut nous interdire la somnolence, la paresse intellectuelle, l'apprentissage de l'audace, l'apprentissage de la folie. Les narcotiques qu'il affectionnait avec érudition, la cause efficiente de ses couleurs picturales, ces visions extraordinaires de visages déformés, de cris, de moqueries. Savons nous encore tirer la langue avec justesse, contre l'idiotie de cette modernité qu'on essai de nous vendre inlassablement.


"Portret Czesławy Oknińskiej"

"Portret Anny Nawrockiej", 1928

"Autoportret", 1913

"Portret Ireny Fedorowiczowej", 1929 III


"Portret Jadwigi Pulichowej", 1927

"Kompozycja", 1922
"Portret Neny Stachurskiej", 1929

"Portret Włodzimierza Nawrockiego", 1929

"Tak pije kobieta rasowa i dobrze wychowana", 1926

"Pejzaż zimowy II", 1912

Stairs and transparency




 

« Le blanc sonne comme un silence, un rien avant tout commencement. » Vassili Kandinsky





Design by Mathias lipszycs, design 2L, Paris

jeudi 11 avril 2013

Et le cinéma? (2)... Juste un jet, attention...

Tolstoï et Wittgenstein voyaient dans le cinéma une espérance de catharsis morale, d'une manière nouvelle d'inculquer des leçons et une nouvelle façon de vivre au peuple. Engelmann, dans ses souvenirs sur Wittgenstein, a insisté sur l'importance que celui-ci accordait aux happy end au cinéma. Un film se terminant d'une manière tragique ou en queue de poisson relèverait d'une incompréhension de l'art cinématographique, prônant ainsi des conclusions positives. 
Mais cette forme artistique faisait office de rêve pour notre philosophe, et dont le sens réel est la réalisation d'un rêve que nous pourrions appeler "une vision". On pourrait s'interroger sur la suppression de la catharsis aristotélicienne de l'idéal wittgensteinien du cinéma. Nous savons que Wittgenstein avait lu avec attention le court ouvrage de Tolstoï Qu'est-ce que l'art? et que d'après Engelmann, il se trouva d'accord avec certaines conclusions de l'écrivain russe. l'idée centrale de cet ouvrage consistait dans l'idée que la création artistique européenne des derniers siècles était resté sans conséquences à cause parce que resté inaccessible à la plupart des gens, un manque de sens de l'universalité, répondant à la fois aux "pauvres d'esprit" et à la personne cultivée. Si Tolstoï avait fondé beaucoup sur l'art cinématographique à ses débuts, il le fut surtout pour les potentialités que cette forme d'un art pouvait transmettre de spirituel sur les masses. Bien sûr, le cinéma dans son développement n'a sûrement répondu aux aspirations de Tolstoï. Mais pour Wittgenstein le cinéma pouvait de manière pragmatique exercer une influence spirituelle sur le peuple. 
De ses souvenirs du cinéma des années 10, ce sont les fonctions oppositionnelles entre le bien et le mal qui se jouaient principe édificateur de la moralité. La victoire du bien était pour l'image du conte de fée qui bouclait ce vœux de la primauté du bien comme valeur positive simple et compréhensible tout à chacun. Le jeu de l'intensité de l'image mouvante, de la participation du spectateur, de cette similitude et en même temps cette distance qu'il y a entre le théâtre d'avec le cinéma où, chez ce dernier, Wittgenstein recherchait cette "satisfaction maximale (Engelmann) que permettait le théâtre ancien. 

Mais comme le signale Engelmann en faisant référence à une citation d'Hölderlin où le sentiment de la joie s'exprime dans le tragique, la vision du happy end peut être biaisée par ce qu'elle tente réellement d'exprimer comme édification. Car il faut rechercher ce qu'il y a de plus haut en l'homme, ce qui ne peut être que sa situation face au tragique, face à sa propre mort, là où est sa plus grande victoire, son happy end. Le courage devant le tragique, la noblesse du sentiment, se tenir droit et correct devant l'adversité, toutes ces valeurs positives sont pour Wittgenstein ce qu'il admirer chez certains germanophones de la première moitié du XIXè siècle notamment Grillparzer, Nestroy ou Raimunde. Un cinéma dans le rôle de principe actif spirituel. Le happy end wittgensteinien peut donc être vu comme une fin idéale du rêve où la tragédie disparait en quelque sorte pour n'être plus qu'une vérité authentique du bonheur de la grandeur des actions de l'être humain. Car là où la joie ruisselle dans le cœur de l'homme, quelle tragédie (dans le sens commun du terme) peut-il y avoir?

mardi 9 avril 2013

Design by Mathias Lipszyc, Agence 2L
Certaines formes, certaines identités picturales, peuvent nous proposer une autre manière de voir, d'aborder un objet, d'accomplir ce que nous pourrions appeler une aventure esthétique, abordant une nouvelle perspective dimensionnelle amenant ainsi une impression d'ailleurs, une sorte de légèreté, éthérée. Et tout se définirait dans notre manière de voir, notre œil pris pour le viseur premier de notre esthétique, cet œil châtié de toute maladresse, de mauvais goût, de toute mauvaise éducation, éclatant de gaité et sensibilité pour faire le beau le plus pur et le plus éternel. De la tradition peut naître une nouvelle manière de voir, n'allons pas chercher trop loin, nous pourrions inutilement nous perdre inlassablement. Si nous n'avons déjà pas tout clarifié dans notre tradition, offrons dans ce qui nous est avant tout connu une aventure nous offrant une perspective plus profonde et plus porteuse de vérité.
Quelques photographies tirées de l’œuvre de Gertrude Kasebier :