lundi 31 octobre 2016

Ébauche n°3 sur les Prières

La prière doit donc être regardée comme cette complétude de notre être afin que nous advenions à devenir, à accomplir, à former cet être pour qu'il se fasse certitude et affirmation non pas de son existence mais de l'existence universelle; être pur, pure gloire du Christ, aboutissement de l'amour du créateur à sa créature. Plus précieuse rencontre où l'intérieur et l'extérieur s'abolissent pour ne laisser place qu'à un seul et même corps de l'esprit qui ne peut figurer que l'origine et la fin de tout, dans le silence, la beauté, la sainteté et la félicité absolue. Et toute la faute en est par là même tombée. C'est donc là un lieu de rencontre entre la créature qui est dans la connaissance du Père et le connu que la créature à de Lui. Ce Père éternel, Dieu de Clotilde et de Jeanne, souvenir de l'antique France naît dans la bataille de nos pères, du sang de nos pères, dans une foi nouvelle, dans une nouvelle espérance, remise à la souveraineté de ce qui ne se dévoile pas encore sans le combat intérieur de l'homme pour entrer fermement dans la présence du Père et de s'affermir en Lui (Esaïe 7:9). Il faut alors être bien planté dans l'espérance pour affronter ce je ne sais quoi qui n'est que l'écoute du vent, du tangible, du scepticisme. Espérance qui n'est pas toute la confiance, qui n'est que la foi allée au devenir d'elle-même pour se développer, s'étirer, s'agrandir, et régner. Ô, comme elles se tiennent ferme et droite ces femmes, dans l'église de Saint Nicolas, ces mères, sur le grinçant du bois de chaise, dans le clair-obscur, devant la chapelle de la Vierge, baissant leurs têtes majestueuses pour saluer Marie pleine de grâce, infatigables, puissantes et tragiques, voilà comment il faut prier, voilà comment prendre à bras le corps la Parole évangélique, pour l'infuser dans les tréfonds de son âme jusqu'à  porter tout le poids du mystère, pleinement, sans vaciller. "Je vous salue, Marie, je vous salue, Marie pleine de grâce; le Seigneur est avec vous." Tout chrétien st un soldat de l'âme, un mystique, un adorateur de la Croix. IL combat la nuit de l'homme, la sienne avant toute chose, pour se porter constamment dans la transcendance, dans la plénitude contemplative des siècles passés, ce qui reste dans le socle, qui n'a nul besoin de modifications ou de changement; méprisant ce qui éprouve la nécessité de nouveauté, ce qui veut s'accomplir dans la perpétuelle absence de relévation, d'âme, de spiritualité, c'est-à-dire dans un vide absolument vide. Dans cette perdition de l'être où l'homme se cherche inconsidérément dans le fantasme de ce qui ne peut jamais venir à accomplissement. Ces femmes alors, si bien clouées par leur chair sur cette terre béni de France, s'élèvent aussi sûrement pour s'implanter dans l'éternité du Mystère, dans ce monde invisible où pourtant une terre est promise et où il nous faut nous oublier, s'éteindre, s'incorporer bien plus profondément encore dans ce qui est le plus fondamental, ce sur quoi toute manifestation de l'être est possible. Ce rivage lointain du pur Esprit. On pourrait croire ici à une dualité entre le corps et l'esprit alors qu'il est en fait question d'une correspondance, d'une symétrie, entre deux versants du monde et de l'existence. L'esprit dans la foi est bien plus solide quand le corps, tout attaché, tout entièrement donné à sa pénétrante condition matérielle se pense dans une foi que l'esprit lui confère par un sculptage intérieur. Le corps est alors d'une noblesse étrange, regardant un rapport différent avec le monde matériel, il spiritualise, car comment aurait-il pu sortir indemne du geste artistique de l'esprit. Indemne de cette volonté de l'âme de dominer de manière totalitaire tout ce qui l'entoure et d'obéir à ses volontés, à ses aspirations les plus profondes. C'est sûrement la marque de cette volonté droite dont parle Bossuet dans on livre sur la connaissance de Dieu, cette quête de la vérité qui doit rendre toute chose disponible à cet effet "Car l'âme qui veut entendre la vérité aime dès là cette vérité que Dieu aime éternellement, et l'effet de cet amour de la vérité est de nous la faire chercher avec une ardeur infatigable, de nous y attacher immuablement quand elle nous est connue, et de la faire régner sur tous nos désirs.", De la connaissance de Dieu et de soi-même, chapitre IV, X.

samedi 29 octobre 2016

Ébauche n°2 pour les Prières

Mais l'on pourrait faire intervenir le questionnement indubitablement lié à la nature et à la forme de ce sur quoi repose cette foi. Quelle détermination dans la pratique d'un objet insaisissable mais auquel nous remettons croyance et confiance doit se révéler dans la forme que revêt les Saintes-Écritures? Car ici la déduction d'Origène ne nous suffit, "Quia ergo mens nostra ipsum per se ipsam deum sicut est non potest intueri, ex pulchritudine operum et decore creaturarum parentem uniuersitatis intellegit" Péri Archon, I, 1, 6. Et nous devons revenir au présupposé même de la certitude de la croyance : le lien entre le visible et l'invisible, le visible ante et la Parole retranscrite, le connaissant empirique et le connaissant déductif. La confiance dans le connaissant doit être une foi en la bonté de ce qui est dit en tant que parole de vérité. Le connaissant déductif doit être le connu pratiqué symbolisé dans l'Écriture. La vraie foi est une vraie confiance. Et en même temps, elle doit être hors de raison, hors de ce qui doit être cru dans la connaissance empirique, le visible ou encore le visible et la connaissance empirique dans le visible ante. La vraie foi doit aussi être issue de la vraie raison, d'une absence totale de trahison car là où se situe l'intangible, le non-contingent, doit se tenir aussi imperturbable, immuable dans le monde empirique et spirituel les caractéristiques qui constituent notre confiance envers l'existence de l'objet en question. Pourquoi par exemple je n’éprouve point le besoin d'avoir foi et confiance en ma propre existence? Par une évidence empirique? Le magister de l'évidence ce sont mes conceptions empiriques, ce qui est le donné de l'expérience et de l'inné? Mais comment ai-je pu atteindre un tel absolu? Une telle confiance que je n'ai même plus besoin d'espérer en moi-même pour relever l'affirmation de mon existence. Cette certitude doit être simple, travaillée en cela par un complexe de choses qui me constituent et anime mes représentations. Moi. Voilà un bien grand mot! Voilà une bien grande raison pour que foi s'annule. Ce vaste chant de la possessivité du "je", de l'expérience troublante de se reconnaître comme son absolu avant toute chose, comme impérissable garant de son propre savoir. Tout ceci devrait être construit, structuré, mais de manière nécessaire, coercitive en quelque sorte. Ce "je" si bien circonscrit ne doit-il pas remplir toute la mesure d'un homme? N'est-il pas son instinct le plus évolué? De ses premiers cris, de cette première douleur de l'âme qui se dénomme sans se connaître à cette dernière lueur qui n'a pas même toute la raison de se garde, de se rassemble, se ressaisir, pas toute la peine aussi, en-dessous ou au-delà de cette ligne de crête où pointe l'horizon brumeux du raisonnable. Le "je" est un grand incomplet selon l’Apôtre, car sans le Christ, sans tout l'amour du Christ en nous et nous en lui, nous demeurons l'espérance la plus tragiquement inaccomplie qui soit. Il le dit si bine : "C'est Christ en union avec vous, l'espérance de sa gloire. C'est lui que nous annonçons, avertissant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, pour présenter tout homme complet en union avec Christ." Colossiens, 27:28.

vendredi 28 octobre 2016

Ébauche n°1 pour les Prières

Foi, fides, confiance, être confiant en-, devenir confiant et se définir ainsi comme celui qui croit, celui qui remet quelque chose entre les mains de l'Écriture et de la Parole. Celui qui, quelque part obéit, le plus mystiquement du monde à la Parole. Car elle est plus vraie pour lui que la table sur laquelle il écrit ou les feuilles amoncelées sur le bord du chemin que la saison automnale a fait chuter dans l'abîme. Toute confiance se table sur une sûreté, là, et en même temps à venir, dans le lointain, dans cette région de l'âme qui est la part la plus inconnue de nous-même, une sécurité de croyance envers ce sur quoi nous posons notre confiance. La foi n'est-ce pas aussi poser foi sur le tangible de notre être? Avoir confiance, c'est déjà connaître l'objet en tant qu'agissant d'une manière telle qu'il nous invite à ressentir, nous fait sentir, que nous pouvons nous fier à lui quant à une modalité d'acte, de preuve, d'évidence régulière, sur lesquels nous demandons une certification. Mais nous l'avions demandé en quel sens? La foi est une conviction qui est déjà entraînée par une pratique de la preuve de l'objet en tant qu'agissant et se présentant selon notre attente et notre modalité propre de preuve pour accéder à la croyance. Tout ceci n'est-il pas une manière de réponse à la nature dont l'être se propose dans son apparition? Le croyant connaît donc déjà au-delà de l'apparence la présentation, la présence de la preuve de l'objet en tant qu'il est assurément existant. C'est donc pour mieux se savoir aussi soi que nous avons foi en là-haut. Luther, dans ses Brèves explications à l'article sur la foi place la confiance du chrétien dans le Dieu du Livre sans autre révélation extérieure, dans la Parole donnée par le Livre, dans la preuve de la Parole advenue comme une sorte de réincarnation de la pratique de la preuve de l'objet de Dieu mis dans une certitude pour le sujet croyant. "Je mets et place ma confiance seulement en Dieu, qui est invisible, insaisissable, un; il a créé ciel et terre et il domine seul toutes les créatures." Mettre sa confiance c'est en même temps la remettre à la certitude, à ses critères d'évaluation, à son devenir. Si je ne dois pas mettre ma confiance en moi-même mais en Dieu, je dois alors pouvoir mettre et remettre ma confiance dans la seule tangibilité de certitude qu'est celle de Dieu, c'est-à-dire dans son aporie la plus profonde pour que, là justement, tout devienne plus clair. D'où alors, au regard du profane, l'exceptionnelle confiance et valeur de vérité que nous accordons et devons avoir envers la prière. Mais cette confiance est une évidence même car il n'y a pas plus sûre vérité que ce qui par principe reste inchangé, pur agissant éternellement à l’abri de l'alea de l'être particulier ne participant qu'à une partie risible, infime et de peu de choses du rouage de l'univers. Comme le disait Hugues de Saint-Victor en commentant un passage des Hébreux, 4, 12, dans son De Verbo Dei concernant les qualités de la Parole de Dieu "Virus, quia non mutatur. Efficax, quia non deficit. Penetrabilis, quia non fallitur".

Philippe Rovere dans l'émission blabla Wilson d'avril 2016




Voici une vidéo nous présentant de petites séquences de l'émission blabla Wilson d'avril 2016 où Philippe Rovere, poète montant et invité pour l'occasion, nous offre une interprétation vivante et gracieuse de son poème "Le cadeau". Avec en privilège à la fin, une lecture par Edwy Plenel d'une poésie tirée du recueil de notre auteur "Impromptu de poésie".