Foi, fides, confiance, être confiant en-, devenir confiant et se définir ainsi comme celui qui croit, celui qui remet quelque chose entre les mains de l'Écriture et de la Parole. Celui qui, quelque part obéit, le plus mystiquement du monde à la Parole. Car elle est plus vraie pour lui que la table sur laquelle il écrit ou les feuilles amoncelées sur le bord du chemin que la saison automnale a fait chuter dans l'abîme. Toute confiance se table sur une sûreté, là, et en même temps à venir, dans le lointain, dans cette région de l'âme qui est la part la plus inconnue de nous-même, une sécurité de croyance envers ce sur quoi nous posons notre confiance. La foi n'est-ce pas aussi poser foi sur le tangible de notre être? Avoir confiance, c'est déjà connaître l'objet en tant qu'agissant d'une manière telle qu'il nous invite à ressentir, nous fait sentir, que nous pouvons nous fier à lui quant à une modalité d'acte, de preuve, d'évidence régulière, sur lesquels nous demandons une certification. Mais nous l'avions demandé en quel sens? La foi est une conviction qui est déjà entraînée par une pratique de la preuve de l'objet en tant qu'agissant et se présentant selon notre attente et notre modalité propre de preuve pour accéder à la croyance. Tout ceci n'est-il pas une manière de réponse à la nature dont l'être se propose dans son apparition? Le croyant connaît donc déjà au-delà de l'apparence la présentation, la présence de la preuve de l'objet en tant qu'il est assurément existant. C'est donc pour mieux se savoir aussi soi que nous avons foi en là-haut. Luther, dans ses Brèves explications à l'article sur la foi place la confiance du chrétien dans le Dieu du Livre sans autre révélation extérieure, dans la Parole donnée par le Livre, dans la preuve de la Parole advenue comme une sorte de réincarnation de la pratique de la preuve de l'objet de Dieu mis dans une certitude pour le sujet croyant. "Je mets et place ma confiance seulement en Dieu, qui est invisible, insaisissable, un; il a créé ciel et terre et il domine seul toutes les créatures." Mettre sa confiance c'est en même temps la remettre à la certitude, à ses critères d'évaluation, à son devenir. Si je ne dois pas mettre ma confiance en moi-même mais en Dieu, je dois alors pouvoir mettre et remettre ma confiance dans la seule tangibilité de certitude qu'est celle de Dieu, c'est-à-dire dans son aporie la plus profonde pour que, là justement, tout devienne plus clair. D'où alors, au regard du profane, l'exceptionnelle confiance et valeur de vérité que nous accordons et devons avoir envers la prière. Mais cette confiance est une évidence même car il n'y a pas plus sûre vérité que ce qui par principe reste inchangé, pur agissant éternellement à l’abri de l'alea de l'être particulier ne participant qu'à une partie risible, infime et de peu de choses du rouage de l'univers. Comme le disait Hugues de Saint-Victor en commentant un passage des Hébreux, 4, 12, dans son De Verbo Dei concernant les qualités de la Parole de Dieu "Virus, quia non mutatur. Efficax, quia non deficit. Penetrabilis, quia non fallitur".
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