Mais l'on pourrait faire intervenir le questionnement indubitablement lié à la nature et à la forme de ce sur quoi repose cette foi. Quelle détermination dans la pratique d'un objet insaisissable mais auquel nous remettons croyance et confiance doit se révéler dans la forme que revêt les Saintes-Écritures? Car ici la déduction d'Origène ne nous suffit, "Quia ergo mens nostra ipsum per se ipsam deum sicut est non potest intueri, ex pulchritudine operum et decore creaturarum parentem uniuersitatis intellegit" Péri Archon, I, 1, 6. Et nous devons revenir au présupposé même de la certitude de la croyance : le lien entre le visible et l'invisible, le visible ante et la Parole retranscrite, le connaissant empirique et le connaissant déductif. La confiance dans le connaissant doit être une foi en la bonté de ce qui est dit en tant que parole de vérité. Le connaissant déductif doit être le connu pratiqué symbolisé dans l'Écriture. La vraie foi est une vraie confiance. Et en même temps, elle doit être hors de raison, hors de ce qui doit être cru dans la connaissance empirique, le visible ou encore le visible et la connaissance empirique dans le visible ante. La vraie foi doit aussi être issue de la vraie raison, d'une absence totale de trahison car là où se situe l'intangible, le non-contingent, doit se tenir aussi imperturbable, immuable dans le monde empirique et spirituel les caractéristiques qui constituent notre confiance envers l'existence de l'objet en question. Pourquoi par exemple je n’éprouve point le besoin d'avoir foi et confiance en ma propre existence? Par une évidence empirique? Le magister de l'évidence ce sont mes conceptions empiriques, ce qui est le donné de l'expérience et de l'inné? Mais comment ai-je pu atteindre un tel absolu? Une telle confiance que je n'ai même plus besoin d'espérer en moi-même pour relever l'affirmation de mon existence. Cette certitude doit être simple, travaillée en cela par un complexe de choses qui me constituent et anime mes représentations. Moi. Voilà un bien grand mot! Voilà une bien grande raison pour que foi s'annule. Ce vaste chant de la possessivité du "je", de l'expérience troublante de se reconnaître comme son absolu avant toute chose, comme impérissable garant de son propre savoir. Tout ceci devrait être construit, structuré, mais de manière nécessaire, coercitive en quelque sorte. Ce "je" si bien circonscrit ne doit-il pas remplir toute la mesure d'un homme? N'est-il pas son instinct le plus évolué? De ses premiers cris, de cette première douleur de l'âme qui se dénomme sans se connaître à cette dernière lueur qui n'a pas même toute la raison de se garde, de se rassemble, se ressaisir, pas toute la peine aussi, en-dessous ou au-delà de cette ligne de crête où pointe l'horizon brumeux du raisonnable. Le "je" est un grand incomplet selon l’Apôtre, car sans le Christ, sans tout l'amour du Christ en nous et nous en lui, nous demeurons l'espérance la plus tragiquement inaccomplie qui soit. Il le dit si bine : "C'est Christ en union avec vous, l'espérance de sa gloire. C'est lui que nous annonçons, avertissant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, pour présenter tout homme complet en union avec Christ." Colossiens, 27:28.
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