Jean-Luc Godard, dans un article publié dans un numéro spécial des Cahiers du cinéma de 1958 consacré à Ingmar Bergman, défini ce qu'est de manière essentielle le cinéma mais surtout, et c'est ce qui est intéressant, la condition, le sentiment du cinéaste, «Le cinéma n’est pas un métier. C’est un art. Ce
n’est pas une équipe. On est toujours seul sur le plateau comme devant
la page blanche.» Et en parlant de l'idée de la solitude de Bergman, le rapport à cette solitude doit être le lieu des questions, la solitude est source de questions et l'acte de faire des films est le moyen et l'espace de résolution de ces mêmes questions. Le cinéma est donc aux yeux de Bergman un art qui est une thérapeutique autant qu'une méthode philosophique. Résolution par l'image, par la représentation picturale, par la représentation du sujet, le cinéma décrit la représentation du problème comme réflexivité existentielle. Mais comment cette représentation peut elle répondre au problème ou à la question? la représentation est elle réponse a postriori a l'interrogation ou alors cheminement vers la résolution ou tout au moins compréhension de nos questions? À partir de quel moment le cinéma se fait il cinéma et a partir de quel moment la question se fait elle réponse?
Nous essayons de répondre à nos questions de différentes manières qui logiquement dans notre esprit correspondent a la manière d'y répondre. Nous essayons aussi et surtout dans la représentation picturale de répondre a un «genre» de questions sur la nature même du paraitre, le rôle du paraitre comme manifestation de l'existence. L'existence comme fait, comme détermination de sa puissance et mise en route de la modélisation d'un univers. Le cinéma commencerait donc a partir de l’idée de cinéma, de l’idée d une histoire de la question qui serait mouvement d'images, actes, cadrages, mise en scène. Il n'y a que l'image qui est synoptique, non son histoire. La réponse est déjà dans l'historicité de la question, et le film est en lui même représentation de la question et monstration ou non subjective de la ou d'une réponse.
Le langage de l'art cinématographique est toujours une recherche sur le «vouloir dire» dans un «vouloir montrer» en utilisant une forme de diction de l'image qui se veut expérience de soi dans le monde, apprentissage de la conscience de la condition de soi et du monde. Et donc une interrogation se pose alors sur ce que veut dire l'acte d'intégrer cette recherche d une réponse, ou de l'interrogation d'une question, dans l’expérience esthétique cinématographique. Un film est en quelque sorte toujours une forme de peinture, un tableau un peu plus mouvant que celui du peintre et qui s'articule sur une heure et demie en moyenne. Si nous nous amusions a regarder défiler un tableau de gauche a droite pendant une heure et demie cela ne constituerait en aucun cas une quelconque expérience cinématographique et ne constituerait en aucun cas une réponse d'ordre non synoptique et ce qui sous entendrait que nous avions déjà la réponse au moment de passer a l'acte de création. Car le cinéaste on cherche a travers une histoire, a travers un temps qui ne se laisse pas représenter d'un seul coup, dans une seule image et demande a chaque scène d être reliée a la suivante, d être compréhensible par la suivante, et cela bien sur ne se laisse pas compter. Une heure et demie c est l'espace du regard. Une heure et demie c'est la minute du regard pictural et de l'écoute discursive.
Louis Aragon, dans un article de 1965 sur Pierrot le fou de Godard intitulé «Qu'est-ce que l'art, Jean-Luc Godard?» se demande ce qu'est le cinéma et il a cette réponse bien particulière «Qu'est-ce que j'aurais dit, moi, si Belmondo ou Godard, m'avait demandé : Qu'est-ce que le cinéma ? J'aurais pris autrement la chose, par les personnes. Le cinéma, pour moi, cela a été d'abord Charlot, puis Renoir, Bunuel, et c'est aujourd'hui Godard. Voilà, c'est simple. On me dira que j'oublie Eisenstein et Antonioni. Vous vous trompez : je ne les oublie pas. Ni quelques autres. Mais ma question n'est pas du cinéma : elle est de l'art. Alors il faudrait répondre de même, d'un autre art, un art avec un autre, un long passé, pour le résumer à ce qu'il est devenu pour nous : je veux dire dans les temps modernes, un art moderne, la peinture par exemple. Pour le résumer par les personnes.» Le cinéma est un art de la liberté, ou plutôt il a toujours été l'art le plus libre, le plus empreint de ce que l'époque a voulue montrer, dénoncé, affranchir. L'art le plus humain? Le plus proche à fournir de manière plus sensible, plus compréhensible au plus grand nombre la réponse ou des réponses, à nourrir des questions, enrichir certaines interrogations que nous ne soupçonnons parfois à peine. Je parle ici bien sûr du vrai cinéma qui est de l'art.
Le langage de l'art cinématographique est toujours une recherche sur le «vouloir dire» dans un «vouloir montrer» en utilisant une forme de diction de l'image qui se veut expérience de soi dans le monde, apprentissage de la conscience de la condition de soi et du monde. Et donc une interrogation se pose alors sur ce que veut dire l'acte d'intégrer cette recherche d une réponse, ou de l'interrogation d'une question, dans l’expérience esthétique cinématographique. Un film est en quelque sorte toujours une forme de peinture, un tableau un peu plus mouvant que celui du peintre et qui s'articule sur une heure et demie en moyenne. Si nous nous amusions a regarder défiler un tableau de gauche a droite pendant une heure et demie cela ne constituerait en aucun cas une quelconque expérience cinématographique et ne constituerait en aucun cas une réponse d'ordre non synoptique et ce qui sous entendrait que nous avions déjà la réponse au moment de passer a l'acte de création. Car le cinéaste on cherche a travers une histoire, a travers un temps qui ne se laisse pas représenter d'un seul coup, dans une seule image et demande a chaque scène d être reliée a la suivante, d être compréhensible par la suivante, et cela bien sur ne se laisse pas compter. Une heure et demie c est l'espace du regard. Une heure et demie c'est la minute du regard pictural et de l'écoute discursive.
Louis Aragon, dans un article de 1965 sur Pierrot le fou de Godard intitulé «Qu'est-ce que l'art, Jean-Luc Godard?» se demande ce qu'est le cinéma et il a cette réponse bien particulière «Qu'est-ce que j'aurais dit, moi, si Belmondo ou Godard, m'avait demandé : Qu'est-ce que le cinéma ? J'aurais pris autrement la chose, par les personnes. Le cinéma, pour moi, cela a été d'abord Charlot, puis Renoir, Bunuel, et c'est aujourd'hui Godard. Voilà, c'est simple. On me dira que j'oublie Eisenstein et Antonioni. Vous vous trompez : je ne les oublie pas. Ni quelques autres. Mais ma question n'est pas du cinéma : elle est de l'art. Alors il faudrait répondre de même, d'un autre art, un art avec un autre, un long passé, pour le résumer à ce qu'il est devenu pour nous : je veux dire dans les temps modernes, un art moderne, la peinture par exemple. Pour le résumer par les personnes.» Le cinéma est un art de la liberté, ou plutôt il a toujours été l'art le plus libre, le plus empreint de ce que l'époque a voulue montrer, dénoncé, affranchir. L'art le plus humain? Le plus proche à fournir de manière plus sensible, plus compréhensible au plus grand nombre la réponse ou des réponses, à nourrir des questions, enrichir certaines interrogations que nous ne soupçonnons parfois à peine. Je parle ici bien sûr du vrai cinéma qui est de l'art.
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