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Andy Warhol, Campbells Soup Cans, (51 cm × 41 cm), 1962 |
La "transfiguration du banal" (Danto) opère par exemple avec Andy Warhol comme subterfuge de la production esthétique "traditonnelle"dans le monde de l'art. Comme le disait Danto dans son ouvrage "Après la fin de l'art" : "Il s'agissait d'une transfiguration du banal et, en même temps, d'une esthétisation d'un type d'univers et de manières de vivre qui auparavant aurait été condamné sans recours par le goût cultivé." (p. 16). Et un peu plus loin : "Ce que Warhol nous a fait comprendre, c'est qu'il est impossible de découvrir cette différence par le seul regard. L'oeil, cet organe esthétique si estimé aussi longtemps qu'on considérait que la différence entre art et non-art était de l'ordre du visible, n'était plus de la moindre utilité philosophique dès lors que ce qui distinguait les deux domaines s'avérait être de l'ordre de l'invisible." (p. 17).
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Martial Raysse, La belle mauve, 1962 |
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Martial Raysse, Nissa Bella |
Ce qui voudrait dire : de ce qui ne peut se voir dans l'oeuvre. "L'invisible" est ici de l'ordre du cadre représentatif ou conceptuel. Au-delà de ce qu'on peut dire sur l'invisible ou ce qui définirait qu'un objet doit être regardé comme une oeuvre d'art par l'esthétique analytique, je dirais qu'il faudrait chercher l'art non dans ce qu'est l'objet mais dans son "univers" représentatif. Avec le fameux slogan de "fin de l'art" c'est aussi une définition de l'art qu'on cerne et l'art d'aujourd'hui est chez Danto vu comme une période "post-narrative." Ce que dénote par exemple le post-modernisme c'est une symbolisation de l'idéal romantique de liberté créative. On peut donc se demander si la narration historico-esthétique n'empêchait pas une forme de véritable prise de liberté sur l'objet d'art, garante d'une idéologie esthétique. on peut mettre en doute aussi ce que Danto nomme la "fin de l'art" qui est pour la fin d'une narration historique de "l'art". L'art virtuel ou les représentations d'un art en 3D par exemple peuvent être une forme de continuité du concept de représentation artistique dans une autre manière de voir mais aussi une autre manière de créer.
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Invader |
Danto (p. 26, 27) "J'ai tenté d'analyser cette période (l'art des sixties) selon plusieurs angles, y compris en tenant compte des efforts visant à la fois à démocratiser l'art et à maîtriser ce qui était ressenti comme les dangers de l'art - tout cela à une époque où il est de moins en moins clair ce que l'art est censé faire ou signifier. Durant cette période, le musée, qui avait été un temple de la beauté, s'est transformé en un genre de faire culturelle. Une foule toujours croissante, étonnamment bien informée sur l'art par les médias, traverse ces institutions transformées; l'attitude de ces visiteurs est très différente de la vénération mêlée de crainte que le musée-temple inspirait à ceux qui le fréquentaient à peine quelques décennies plus tôt. Ce que nous découvrons aujourd'hui, c'est un art qui recherche un contact plus immédiat avec les gens que celui rendu possible par le musée - un art qui investit les lieux publics, un art spécifiquement conçu pour des endroits précis." Une histoire de l'art est maniable si nous acceptons certaines transformations esthétiques et cadres artistiques. Ce que Mélissa Thériault dans un article sur Danto remarque : "Toutefois, il faut bien garder à l’esprit que ce à quoi réfère Danto lorsqu’il
parle de fin de l’art, c’est de la fin du concept d’art tel qu’on l’a conçu
jusqu’à maintenant, c’est-à-dire la fin de l’un des usages possibles du
concept d’art."
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