lundi 14 novembre 2016

Ébauche n°6 sur les Prières

Jésus dit un jour à ses disciples, après que ceux-ci, hébétés de ne pas avoir pu accomplir la guérison d'un épileptique possédé, - ce que ne manqua pas de faire Jésus - lui demandaient la raison de leur échec. "À cause de votre peu de foi. Car en vérité je vous le dis: Si vous avec de la foi gros comme un grain de moutarde, vous direz à cette montagne: 'Déplace-toi d'ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible." Cette parole se trouve en Matthieu, 17:20. Avec un foi minime on peut faire sortir un démon d'un corps humain, déplacer une montagne ou croire que le Fils de l'homme est venu sur terre pour laver nos péchés par le sacrifice sur la croix et se ressusciter le troisième d'après sa mort. Comme il n'est pas dans nos habitudes de devoir déplacer un montagne, il faudrait que nous ne doutions pas une seconde, pas un instant, naturellement nous devrions le faire en tant que cet acte participerait naturellement  du pur principe de la raison des choses dans la foi. Jésus voulu dire là, crois naturellement en moi dans ce qu'il y a de plus invraisemblable en toi. On pourrait ajouter : dans ce qu'il y a de plus vraisemblable si tu tiens à espérer en la nature divine du Fils de l'homme. Kierkegaard avait dit dans son post-scriptum que la "vérité consiste dans la transformation intérieure du sujet." Il faudrait que la montagne soit intérieurement dans une autre catégorie d'appréhension psychologique du sujet. C'est l'intérieur qui transforme la montagne et la rend sûrement aussi docilement déplaçable aux intentions du sujet qu'un meuble de maison. Cela doit être la foi. Les disciples n'ont pu extirper le démon du corps d'un enfant mais ils ont suivi Jésus sur la route de Capernaüm en pensant qu'il est le Fils des cieux. Il faut dire aussi que, arrivé à l'âge adulte, on est plus respectueux des réalités extérieures, on se soumet beaucoup plus aux rugosités des déterminations du sensible dans notre approche psychologique des objets. L'enfant, lui, imagine encore un peu, découvre, s'impressionne, forme et déforme dans son esprit le monde extérieur. Il conjectures d'autres réalités, tout du moins, on peut plus facilement lui en donner la foi. Les petits enfants sont les plus grands dans le royaume des cieux, il sont plus proches de l'humilité voulue par le Christ et leur foi plus pure. Ai-je été moi-même baptisé pour redevenir un enfant? En quelque sorte, oui. Mais ceci est un projet dans mon devenir chrétien. Je me suis en tout cas fait tout petit sous l'eau bénite et les regards de l'assistance. Cette vie nouvelle est donc une montée vers l'enfance raisonnable, la noble petitesse qui se pose virilement sur le chemin encore non débroussaillé de la foi. C'est la venue de la plus vivifiante candeur intérieure. Hamann, ce grand luthérien, cet inspirateur du geste, dans son exaltation coutumière, avait bien prévenu dans son Aesthica in nuce "Et en vérité, en vérité, en vérité, il faut que nous devenions des enfants si nous devons recevoir l'Esprit de Vérité que le monde ne peut saisir car il ne le voit pas, et, dût-il même le voir, ne reconnaît pas." C'est qu'il écrit, ce "mage du nord", brillamment dans l'enfance raisonnante, articulant l'humour cinglant d'avec le jeu du langage et du dit réinventés.

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