mercredi 22 mars 2017

Antonio Gramsci, Cahiers de prison, extrait cahier 1


«§ <51>. Le clergé en tant qu'intellectuel. Recherche sur les diverses attitudes du clergé pendant le Risorgimento, en liaison avec les nouveaux religieux et ecclésiastiques. Giobertisme, rosminianisme. L'épisode le plus caractéristique du jansénisme. À propos de la doctrine de la grâce et de sa conversion en source d'énergie industrielle, à propos également de l'objection de Jemolo à la juste thèse d'Anzilotti – d'où Anzilotti l'avait-il tirée ? - cf. Kurt Kaser, Riforma e controriforma, à propos de la doctrine de la grâce dans le calvinisme, ainsi que le livre de Philip où sont cités des documents actuels sur cette conversion. Dans ces événements se trouve contenue la documentation sur le processus de dissolution de la religiosité américaine : le calvinisme devient une religion laïque, celle du Rotary Club, comme le théisme du siècle des Lumières était la religion de la franc-maçonnerie, et avec cette différence que la religion du Rotary ne peut pas devenir universelle : elle est propre à une aristocratie élue (peuple élu, classe élue) qui a eu et qui continue d'avoir des succès ; un principe de sélection, non de généralisation, d'un mysticisme naïf et primitif propre à ceux qui ne pensent pas, mais œuvrent comme les industriels américains, doctrine qui peut proter en soi les germes d'une dissolution même très rapide (l'histoire de la doctrine de la grâce peut être intéressante pour voir les différentes adaptations de catholicisme et du christianisme aux diverses époques historiques et aux différents pays).
Il ressort des événements américains rapportés par Philip que, dans certaines occasion, le clergé de toutes les Églises a, en l'absence d'un parti représentant les couches moyennes et de la presse d'un tel parti, fait office d'opinion publique. » Cahier 1, p. 92, Gallimard, 1996

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