Pas d'accord avec Gramsci sur l'idée que l'homme est esprit et non nature dans son Il grido del Popolo. Il a une mauvaise notion de la nature. La création historique de l'homme est une forme de vie dans le sens wittgensteinien. "Le
fait est que ce
n'est que par degrés, par strates, que l'humanité a acquis la
conscience de sa propre valeur et a conquis son droit à vivre
indépendamment des hiérarchies et privilèges des minorités qui
s'étaient affirmées historiquement au cours des périodes
précédentes. Et une telle conscience s'est formée, non sous
l'aiguillon brutal des nécessités physiologiques, mais grâce à la
réflexion intelligente, réflexion de quelques-uns d'abord, puis de
toute une classe, sur les causes de certains faits, et, sur les
meilleurs moyens à adopter pour les transformer, d'occasions
d'asservissement, en étendards de rébellion et de rénovation
sociale. Cela veut dire que toute révolution a été précédée
d'une intense activité de critique, de pénétration culturelle,
d'imprégnation d'idées, s'exerçant sur des agrégats d'hommes, au
départ réfractaires, et uniquement préoccupés de résoudre, jour
après jour, heure par heure, pour leur propre compte, leur problème
économique et politique, sans lien de solidarité avec tous ceux qui
partageaient leur condition." Tout ceci est de l'ordre de la pure nature.
"Se connaître soi-même signifie être maître de soi, se
différencier, se dégager du chaos, être un élément d'ordre, mais
un élément de son ordre propre et de sa propre discipline à
l'égard d'un idéal. Et tout ceci ne peut s'obtenir sans connaître
aussi les autres, leur histoire, la succession des efforts qu'ils ont
faits pour être ce qu'ils sont, pour créer la civilisation qu'ils
ont créée, et à laquelle nous voulons substituer la nôtre. Cela
veut dire qu'il faut avoir des notions de ce que sont la nature et
ses lois pour connaître les lois qui gouvernent l'esprit." Là, Gramsci part déjà avec une vision erronée de la nature et des lois par conséquent qui la régisse. Les lois qui gouvernent l'esprit sont à regarder là où justement nous semblons regarder seulement la nature. D'ailleurs, la dernière phrase me semble quelque peu obscure.