jeudi 18 février 2016

Pour une revue quelque peu littéraire (partie 2)

Ô littérature ! L'on ne te revoit plus en nous comme autrefois, avons-nous épuisé l'essentiel?  Une revue ne devrait que te dire pour te ramener, là, à ton auguste place. Une revue devrait te regarder passer, là, comme une belle adolescente. Te siffler, te relooker, lorgner sur ta puberte poitrine en fleur. L'art est si peu rationnel, toujours froissé et froissant, toujours devant séduire dans un devoir de l'accaparement. Mais il vaudrait mieux qu'une folie philosophique t'accapare ainsi qu'une nouvelle manière de vivre de l'esprit. Sommes-nous devenus trop 《 humains 》? - les pensées de Stendhal et de Musil sur l'émergence de la culture dans une population donnée en lien avec le système politique régissant cette même population - mais là je m'égare peut-être, je fonds et me confonds. Une revue de littérature doit être issue du despotisme le plus absolu. Existence trop mûre de la culture, du beau, de l'exaltation, des institutions. Existence trop mûre de la perception, du stimulus. Bien qu'il faille tout rassembler en un point, toute l'activité créatrice en un seul lieu, pour revigorer, redonner grandeur, replacer au centre de la vie la littérature. Déculturer pour reconstruire la culture, pour mettre en acte l'idée littéraire, sonner le tocsin de l'acte. Comme un grand faiseur d'organe, l'écrivain produirait l'acte littéraire en tant que matière, pure matérialité, pure morale, ensemble d'objets que l'on pourrait jeter contre un mur ou florier alors comme un beau matin d'avril, embaumant l'air de parfums que l'on devrait à la fois sentir et toucher. Une revue philosophico-littéraire qui au bout de la course effrénée de l'acte du créer, agoniserait en un triomphe wagnérien scandant magistralement un 《 j'ai vécu pour aimer 》. Une revue du coït et non de la trans-. L'amour ce n'est pas surplomber en traversant, non, c'est autre chose, autre chose que d'enfouir une falaise sous son manteau. Volens en chaque ligne, en chaque idée, en chaque lecture, pénétration sonnante, accouplement disciplinaire, par le sentiment, par la rougeur des joues. Voilà le feu étincelant, voilà le phénix, voilà le jour! Voilà Éros dans la lumière, voilà Éros être lumière, accompli. Nouvel être ainsi accompli, idéal et en même temps incertain, symbole présenciel de l'inconnu matérialisé et conceptualisé où il nous faudrait habiter. Conquérir? Un nouveau cosmos.

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