lundi 30 mars 2015

La theorie du Raumplan de Loos

L'ornementation est vue par Adolf Loos (1870 1933) comme une forme de décadence de l’esthétique. Loos est en cela a contrecourant des idées de son époque. On pourrait mettre en confrontation cette idée de Loos avec celle de décoration pure de Witkiewicz mais ce n'est pas ce qui nous intéresse ici. Il faut s'interroger sur la conception newtonienne de l'espace de Loos, ou les objets sont projetés dans celui ci. C'est l'espace qui structure ou administre la place de l'objet, sa dimension. C'est toujours l'espace qui organise, orchestre son contenu pour se rendre lui même premier objet architectural. Cette volonté de pureté des volumes, d’éliminer ce qui est inutile, superflu, participe de la place primordiale accordée à l'espace.



Villa Müller, Prague

La théorie du Raumplan organise donc le plan architectural dans un espace à 3 dimensions. Les pièces d une maison ont une hauteur déterminée par leurs fonctions. L'utilitaire est très important chez Loos et ce n'est que ce qui est indispensable qui subsiste. Ainsi, la hauteur d une pièce est pratique et non ornementale. Il en va de même des objets, des meubles ou accessoires. 



« A travers Loos, une conception plus neuve et plus élaborée de l'espace s'est imposée au monde : le libre jeu de la pensée dans l'espace, la planification d'espaces disposés à différents niveaux et qui ne sont pas rattachés à un étage couvrant toute la surface du bâtiment, la composition des différentes pièces en relation entre elles en un tout harmonieux et indissociable qui est en même temps une structure fondée sur l'économie d'espace. Les pièces ont, selon leur destination et leur signification, non seulement des dimensions mais aussi des hauteurs différentes. Loos peut ainsi, à partir des mêmes moyens de construction, créer plus d'espace car il peut de cette manière, dans le même volume, sur la même surface au sol, sous le même toit, entre les mêmes murs extérieurs, introduire plus de pièces. Il exploite au maximum les possibilités offertes par le matériau et le volume habitable. On pourrait dire d’une autre manière : l’architecte qui ne pense qu’horizontalement a besoin d’un plus grand espace de construction pour créer la même surface habitable. »
H. Kulka, Adolf Loos, Das Werk des Architekten, "Der Raumplan", cité par P. Tournikiotis, Loos, op. cit., p. 204



Il y aussi cette idée de modèle spatial centrifuge qui donne une impression de direction axiale au travers de l'agancement des decors de la pièce, un morcellement de l'espace qui amène des confinements dans un même ensemble. Chez Loos le mouvement de conception architecturale va de l'intérieur a l'extérieur, du premier au second. Comme il le dit « les murs, les plafonds, les planchers, l’enveloppe matérielle déterminant les espaces de la vie quotidienne constituaient l’élément premier; les façades l’élément second. Mais dans cette hiérarchie de la conception, « second » ne signifie pas superflu : il désigne la seconde phase, ce qui se produit dans un second temps. » (P. Tournikiotis, Loos, op. cit., p. 67). La façade est toujours bigarrée, composite, pure, sans aucun ornement ce qui peut paraitre a un certain point austère. Il y a une envie d'être le garant d'une tradition, d'un certain retour à une esthétique antique avec les façades en crépis propre au modèle grec. Il est assez étonnant que Loos voulais qu'un vêtement, un bâtiment, ne se distingue pas d'un autre, n'attire pas l'attention, car son œuvre pour ses contemporains a fait quelque peu scandale par l'absence de toute ornementation. Cette vision influencée par lcole de Chicago a fait de Loos l'un des précurseurs de la modernité, hors de son époque et héritant d'un idéal de justesse et de raison. 

 


Looshaus, Vienne

Référence 

Bruno Marchand, Théorie de l'architecture III, p. 9-11


language goes on holiday: Nordic Wittgenstein Review Volume 4, Number 1

language goes on holiday: Nordic Wittgenstein Review Volume 4, Number 1: A new/forthcoming issue is available here . It looks good, as always.

Heidegger et l'ontologie par Emmanuel Lévinas

 
Présentation assez éclairante par Emmanuel Lévinas de l'ontologie de Martin Heidegger datant de 1932.

jeudi 26 mars 2015

2016 Troisième édition des Préludes à l'Esthétique du paraître

Troisième édition des Préludes à l'Esthétique du paraître. Publié en auto-édition sur la plate-forme lulu.com, ce livre qui fait office de prélude à un ouvrage complet sur la nature métaphysique et ontologique de l'être en tant qu'apparition esthétique et éthique au monde, apporte une première approche d'une conception philosophique de monisme-réaliste évolutif. Les thèmes de l'art et de l’esthétique propre à ce blog sont abordés et définis dans le cadre de cette conception moniste. C'est un livre en fragments assez denses quelques peu expérimentaux qui se veut aussi une ouverture, un questionnement, une recherche sur une terre encore lointaine, une terre offrant une clarification sur l'être, son rapport à autrui ou la forme donnée de la structure du monde et de la conscience. Il est l'élaboration d'une cartographie qui serait susceptible de diriger l'esprit sur le chemin une vision du monde cohérente et qui répondrait à certaines interrogations sur des concepts qui ont, dans le langage, une ambiguïté ou une confusion manifeste. Le style fragmentaire du texte, sous forme de remarques ou d'aphorismes numérotés, est de mon point de vu adapté à cette démarche préliminaire tout en mouvement et devant trouver de amples points d'ancrages. Cette deuxième édition, revue et augmentée, approfondit certains points comme la perception esthétique, le rôle que l'homme fait jouer à l’éthique dans ses conceptions philosophiques, ou encore une meilleure définition de l’art comme forme éthique de la représentation esthétique, qui est donnée comme ineffabilité esthétique. Le concept de plasticité comme processus créatif des réalités possibles dans une interprétation moniste et réaliste est aussi abordé dans cette nouvelle édition ainsi qu’une meilleure clarification de la notion de mondes possibles.